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blogueuse, française et noire, je me bats contre l’appropriation culturelle

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Sur son blog « Black Beauty Bag », Fatou N’diaye dénonce la sous représentation de la beauté noire et condamne les méfaits de l’appropriation culturelle dans la mode et les médias. La polémique des « Boxer Braids », elle en fait son affaire personnelle. Entretien sans filtre avec celle qui compte bien faire trembler la toile et défendre la beauté afro dans l’hexagone.

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Le rendez-vous est pris dans un café de la capitale, au Holybelly, dans le Xème arrondissement de Paris. Sans trop tarder, nous rentrons dans le vif du sujet. Surnommées « KK Signature Braids » par la star américaine de la télé-réalité, Kim Kardashian, un tutorial payant pour réaliser ses « jolies tresses à la maison » est désormais disponible sur son application. Face à cette récupération grossière, ses yeux ne font qu’un tour. La blogueuse s’insurge : « Ce n’est pas un hommage mais un manque de respect ! » Depuis 2007, sa plateforme, Black Beauty Bag, se présente comme une alternative nécessaire pour pallier l’absence de visibilité. Fatou y répertorie les nombreux dérapages commis à l’encontre de sa personne et par extension, de ses lectrices.

C’est tout naturellement que sa tribune 2.0 réunit plus d’un millier d’abonnées autour du thème de l’estime de soi. « À travers mon regard, beaucoup de femmes noires se reconnaissent parce que je suis noire, j’ai un prénom à consonance africaine, je suis africaine et pas Américaine » explique Fatou. Dans ce brouhaha immaculé, elle n’hésite pas à documenter ses routines capillaires et ses escapades au salon de sa coiffeuse de prédilection, Daba, au coeur du quartier africain de Paris, Château Rouge. »En tant qu’afro, on va dire que je fais peut-être du militantisme. Ça ne me dérange pas, c’est important parce qu’on casse les clichés et on apporte à notre manière une vérité« .

Animée par ce désir de « vulgariser la beauté noire » afin qu’elle soit « normale », la conversation tourne rapidement autour de cette urgence à éduquer les médias mainstream sur les méfaits de l’appropriation culturelle. « Les magazines féminins ont du mal à dire que cela vient d’Afrique et à mettre des mannequins noirs pour illustrer ces modes-là. Quand ce sont des personnes blanches qui adoptent cette tendance, on ne dit pas d’où elles proviennent. Kim Kardashian a tout à fait le droit de faire cette coiffure mais qu’on nous explique que oui, elle a adopté une coiffure africaine !« 

Sur son compte Instagram, les commentaires d’indignation des abonnés pleuvent. La controverse autour de l’article « Black Fashion Power » du Elle France, publié en 2012, est apparue comme le point de départ d’une nouvelle forme de revendication. Pour la première fois, le web a permis de faire remonter la colère de cette autre France, celle dont on parle peu. « À l’époque s’il n’y avait pas eu Internet, on aurait assumé que les nattes avaient été inventées par Kim Kardashian. C’est normal que les gens dénoncent parce que, pour moi, dénoncer, ce n’est pas se plaindre mais plutôt s’affirmer. C’est dire qu’on existe et d’arrêter de dire des bêtises.« 

Les avis divergent. D’un côté, un engouement sans précédent autour de cette nouvelle mode et de l’autre côté, un ras-le-bol de plus sur l’usurpation d’une coiffure aux racines indéniablement africaines. Reprise par les magazines féminins, adoptée dans les défilés de la Fashion Week, la provenance de ce phénomène capillaire est généralement passée sous silence. Est-ce un malentendu de plus ? Et pourquoi est-ce aussi difficile de mentionner ses origines ? Les « Boxer Braids » est un cas d’appropriation culturelle par excellence. Un parmi tant d’autres.

Peu importe comment on les appelle aujourd’hui, ce dont je suis certaine, c’est que cette coiffure existait bien avant le KK style, les Boxer Braids ou encore les Dutch Braids. « Il y a plusieurs noms, cela dépend de l’ethnie. Au Sénégal, on va les appeler tresses inversées, nattes collées, nattes couchées et pour les Américaines, les cornrows. Dutch, c’est hollandais, ce ne sont pas les hollandais qui ont inventé ça (rires), ironise la blogueuse d’origine sénégalo-nigériane, on trouve des noms fun qui ne vont pas faire trop africains ou trop noirs. Appelons un chat, un chat » insiste Fatou. Embrasée par les célébrités afro-américaines telles que Ciara, Jada Pinkett Smith ou même Beyoncé, le concept plaît moins.

Tout au long de ma vie, j’ai observé les femmes de mon entourage s’adonner au rituel du tressage sans vraiment me poser de questions. Aucune publication n’a pourtant jamais fait mention de ma grand-mère, de ma mère ou de mes soeurs. En grandissant, je croyais que la norme consistait à avoir les cheveux lisses, dans le vent, même si cela allait à l’encontre de leur propre nature. Face à cette différence de traitement entre la beauté noire dite « ghetto » par rapport à la beauté blanche, dite « mainstream », j’ai fermement cru en ce mythe. Pourquoi mon héritage esthétique est-il sujet à tant de « mépris » de la part des médias ?

« À l’époque de nos parents, ils pouvaient se permettre ces choses-là. Ils étaient arrivés en France dans une autre démarche. Pour eux, c’était travailler, pouvoir envoyer de l’argent au pays mais pour nous, c’est différent, on est français, on veut être épanoui et créer des choses. On ne se laisse pas faire. Les choses que nos parents auraient laissé passer parce qu’ils n’étaient pas là pour cela, nous, on dit non ! » Néanmoins, les choses évoluent, doucement. Prendre position devient un acte constitutif de l’identité française noire.

« Dans les rédactions, il n’y a pas de mixité. Ce sont toujours des petites blondes qui viennent du XVIème, du VIIIème et elles vont écrire sur le ton de l’humour en pensant que c’est marrant mais non. C’est toujours les mêmes personnes qui parlent d’un quotidien qu’elles ne connaissent pas avec un côté péjoratif, marginalisé et toujours cliché. » Pour nombreuses de femmes issues de la génération Y, embrasser sa négritude n’a jamais été aussi important. De plus en plus de voix se lèvent, dont celle de Fatou, pour faire valoir notre patrimoine esthétique à sa juste valeur.

Paru sur i-D


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